La COVID-19 fait des ravages dans le monde entier. Les recettes provenant du stationnement ont considérablement chuté, la demande de stationnement pour les aéroports et pour l’événementiel est inexistante, le stationnement de courte durée est à 10 % de l’activité normale. Le Corona virus cause une crise de liquidités majeure pour l’industrie à court terme et de nombreuses entreprises vont devoir lutter pour garder la tête hors de l’eau, malgré les aides du gouvernement. Cependant, la question stratégique que nous devrons aborder est de savoir quels seront les effets de la COVID-19 à long terme. Voici un récapitulatif de certains des principaux éléments de la situation actuelle et leur futur impact potentiel.
Jusqu’à récemment, on imaginait que la mobilité partagée serait un élément phare dans nos sociétés à l’avenir, qu’il s’agisse du covoiturage, de l’usage partagé de voitures, de scooters ou bien les transports en commun. Jusqu’à présent, aucun service de mobilité partagée n’a été en mesure de démontrer sa rentabilité. Même avant la COVID-19, il existait un certain mécontentement, qui s’est à présent transformé en un scepticisme très marqué. Le Corona virus nous a montré que la mobilité partagée comporte des risques et qu’elle est potentiellement un facteur de propagation rapide des maladies. Les ambitions d’Uber et de Lyft de réaliser des bénéfices en 2020 se sont soudainement taries, leur valeur boursière a chuté deux fois plus que les autres titres en général, bon nombre de leurs chauffeurs ont perdu tous leurs revenus du jour au lendemain. Cela aura un impact sur le modèle commercial. Les consommateurs qui se sont habitués à la distanciation sociale pourraient choisir d’utiliser leur voiture ou de prendre un taxi avec une paroi de séparation entre le chauffeur et le client plutôt qu’un Uber ou les transports en commun la prochaine fois qu’ils se rendront en ville. Il n’existe aucun moyen de transport plus compatible avec la distanciation sociale que votre propre voiture.
Les personnes et les entreprises découvrent que le télétravail à grande échelle est possible. Cela pourrait modifier la façon dont les entreprises s’organisent et le lieu où les gens veulent vivre. Plus de personnes pourraient choisir de s’installer en banlieue ou en zone rurale si elles n’ont pas besoin de se déplacer tous les jours pour aller travailler. Ainsi, elles pourraient éviter les zones urbaines qui sont plus sévèrement impactées par le virus que les zones rurales, en raison de la forte densité de population et où le coût de la vie est beaucoup plus élevé. Cela modifiera les secteurs immobiliers urbains, commerciaux et résidentiels et augmentera la nécessité d’un certain type de mobilité très différent. Un déplacement une fois par semaine favorise la mobilité individuelle, c’est-à-dire l’usage de votre propre voiture (semi-autonome et électrique), mais pourrait faire chuter la demande de places de stationnement dans les centres-ville.
Le Corona virus favorise l’adoption de nouveaux modes de paiement, car le paiement sans contact est encouragé et parfois même exigé par les petits commerçants et autres magasins encore ouverts. Les consommateurs qui étaient réticents à adopter le sans contact jusqu’à présent s’habituent aux modes de paiement où vous n’avez pas à retirer de l’argent ou à donner une carte de crédit. Pour le stationnement, cela signifie que les opérateurs doivent réfléchir à la manière dont ils peuvent faire en sorte que ces processus nécessitent le moins de contact possible et soient le plus harmonieux possible. Les solutions sont disponibles aujourd’hui et leur adoption dans l’industrie du stationnement devra se faire rapidement.
Les gouvernements de tous les niveaux (national, régional et local) ont repris du pouvoir pendant cette crise, les politiques et les technocrates ont découvert qu’ils peuvent paralyser des pays entiers en quelques jours. Le pouvoir est une drogue très douce et qui crée une forte dépendance. Non seulement les autocrates tirent parti de la situation, mais presque tous les gouvernements font plus ou moins la même chose, certains avec plus de subtilité que d’autres. Nous pouvons nous attendre à une activité réglementaire beaucoup plus importante et à une ambition gouvernementale de gérer l’économie et en particulier le secteur de la mobilité. Les gouvernements essaieront de tirer parti de leur nouvelle crédibilité acquise face au Corona virus et de la nécessité perçue d’éviter une autre pandémie à l’avenir. Il y aura un fort encouragement politique et financier pour prendre activement le contrôle du secteur de la mobilité dans les zones urbaines. Le contrôle municipal des horodateurs et des péages urbains favorisera les prestataires de services de stationnement, car cela réduira l’offre et augmentera la demande de stationnement dans les centres-ville.
Enfin et surtout, la crise du Corona virus a démontré très clairement à quel point le secteur de la mobilité est exposé dans son ensemble. Le secteur du stationnement, plus particulièrement les services commerciaux de stationnement hors voirie, a clairement vu à quel point son modèle commercial actuel est vulnérable, celui-ci est en effet largement centré sur le rapport qualité-prix et les flux de trésorerie stables pour les actionnaires de capitaux privés. Cela fonctionnait vraiment bien dans un monde à faibles taux d’intérêt et avec un taux d’occupation stable. Seuls quelques opérateurs ont investi dans la diversification, c’est-à-dire dans la résilience. Le Corona virus est la sonnette d’alarme pour le secteur du stationnement qui devra investir dans de nouveaux modèles commerciaux, qu’il s’agisse d’interaction numérique avec les consommateurs ou de nouveaux cas d’utilisation pour les actifs sous-exploités.
Lorsque le confinement sera terminé, les gens retourneront au travail, dans les magasins, ils voyageront, conduiront. Mais la mobilité ne sera pas la même, bien que nous ne sachions pas exactement ce dont à quoi elle ressemblera. Toutefois, il est clair que le secteur du stationnement devra faire face aux changements de manière stratégique et s’adapter à un nouvel environnement social, économique et politique.